Le service militaire en Corée du Sud et le cas BTS

Article écrit par #Nyx

Le 17 octobre 2022, BigHit Music annonçait via une notice Weverse le départ progressif des membres de BTS au service militaire, mettant fin à plusieurs années de spéculation. La question du service militaire de BTS était en effet un sujet brûlant dans le pays, qui enflait à mesure que leur succès à l’international s’affirmait.

Le service militaire, obligatoire pour tous les hommes sud-coréens, est un devoir dont ils doivent s’acquitter entre 18 et 28 ans. Les femmes ne sont pas tenues de l’effectuer, mais peuvent se porter volontaires. Le service militaire a été instauré le 17 juillet 1948, et sa gestion a été confiée à la Military Manpower Administration. 

La durée du service varie en fonction de la spécialité choisie : 18 mois pour l’armée de terre (option choisie par tous les membres, excepté Suga), 20 mois pour la marine et 21 mois par l’aviation. Après leurs enrôlements, les jeunes soldats suivent une formation commune de 6 semaines, qui comprend des cours d’histoire et des enseignements rudimentaires militaires, comme le maniement des armes. Après cette formation, ils sont envoyés dans leurs affectations et camps respectifs. À l’issue du service militaire, ils sont considérés comme réservistes et tenus de suivre 3 jours de formation annuels pendant 6 ans. 

Pour les hommes ne pouvant pas effectuer le parcours classique, pour des raisons médicales, professionnelles ou des obligations familiales, il existe des formes de services différents et d’une durée plus longue. Le service social (dans lequel Suga s’est engagé) dure 21 mois et s’exerce dans les services administratifs du pays.

BTS lors de l'enrôlement des derniers membres

Un cas à part : les sportifs et les artistes

D’après le Military Service Act, document qui encadre le service militaire, différents métiers peuvent bénéficier d’une adaptation, notamment dans les domaines artistiques et sportifs. Cela concerne les athlètes, les joueurs de e-sport et les musiciens classiques ayant gagné une compétition internationale ou nationale (comme les Jeux Olympiques, ou un concours musical prestigieux), et dont le travail contribue au prestige du pays à travers le monde. Ces professionnels sont considérés comme « art and sport personnel », un statut qui existe depuis 1973. Ils doivent suivre 1 mois d’entrainement, puis peuvent continuer à exercer leur métier, même à l’étranger, dans le cadre de leur enrôlement. 

La question d’accorder la même exemption aux artistes de K-pop a donc logiquement émergé depuis quelques années, compte tenu de l’impact grandissant de la K-pop en Corée du Sud, et à l’échelle mondiale. À titre d’exemple, BTS rapporte plusieurs milliards de wons à la Corée du Sud chaque année (en 2018, le Hyundai Institute estimait cette somme à 3,6 milliards de wons) et contribue également à l’attractivité touristique du pays. La Korea Music Copyright Association (KOMCA) a souligné cette injustice, arguant le fait que la musique populaire apporte autant au pays que la musique classique et le sport, tant sur le plan économique que culturel.

Le cas BTS

BTS a véritablement cristallisé les débats autour de la nécessité ou non d’exempter les artistes de K-pop de leur devoir civique. Leur enchaînement de succès à partir de 2018, année pendant laquelle Love Yourself : Tear s’est hissé à la première place du Billboard 200, n’a cessé de raviver les échanges. L’affaire a été portée jusqu’au plus haut niveau de l’État puisqu’un projet de loi sur l’exemption de BTS a été discuté au parlement. 

La possibilité de l’exemption de BTS uniquement, sans étendre la question au reste des groupes masculins de K-pop, a également posé question. L’impact de BTS est unique dans l’industrie musicale. Dans le champ de la musique populaire, BTS est le seul groupe à avoir reçu l’Ordre du Mérite Culturel (en 2018), a été invité deux fois à l’ONU, puis nommé « envoyé spécial pour les générations futures et la culture » du président Moon Jae-in. Un succès éclatant, mais qui n’est pas quantifiable, comme les médailles ou les récompenses dans des compétitions, selon l’argument avancé par les opposants à cette exemption, tout comme la différence de traitement, jugée injuste envers les autres groupes. 

BTS aux Nations Unies le 20 septembre 2021

La « loi BTS »

Suite au succès planétaire de Dynamite à l’été 2020, un amendement concernant la musique populaire a finalement été déposé, qui propose le décalage de l’âge limite pour s’enrôler. Cette loi, surnommée « loi BTS », a été promulguée en décembre 2020. Cette adaptation n’est pas une exemption totale, mais elle permet aux artistes de musique populaire ayant reçu des prix ou des distinctions (comme l’Ordre du Mérite Culturel) de décaler leur enrôlement de 2 ans, faisant passer l’âge limite de 28 à 30 ans. 

Derrière ces débats sur l’injustice de mettre à l’arrêt des carrières fructueuses se cache la réalité militaire du pays. Le ministère de la défense a alerté sur le danger d’accorder trop d’exemptions. Le pays connaît un taux de natalité très bas et risque donc de manquer d’hommes pour s’engager. Le service militaire est essentiel à la défense du pays face à la Corée du Nord, contre laquelle il est techniquement toujours en guerre, puisqu’aucun traité de paix n’a été signé à la fin de la guerre de Corée en 1953. 

De leurs côtés, les membres de BTS n’ont pas pris part aux débats. Ils se sont peu exprimés sur le sujet, mais ont toujours affirmé qu’ils accompliraient leur devoir au moment voulu. Ils n’ont d’ailleurs pas attendu une décision officielle quant à leur exemption, préférant s’enrôler de leur plein gré. Tous les membres devraient avoir fini leur service militaire d’ici juin 2025.

BTS ARMY FRANCE restera aux côtés de BTS et des ARMYs jusqu’en 2025 et après. BTS restent loin de nos yeux mais près de nos cœurs. Continuons de créer de beaux souvenirs en écoutant leur discographie et leurs projets solos durant leur absence. Plus que jamais 아포방포