Right Place, Wrong Person : RM se perd pour mieux se retrouver

Article écrit par #Tinnie, #Enjolras & #Nyx

Tout a commencé le 23 novembre 2023, lorsque RM a teasé le monde entier avec un nouveau compte Instagram au nom sibyllin (@rpwprpwprpwp) postant d’énigmatiques photos. L’attente, qui a tenu les ARMYs en haleine, en a valu la peine puisqu’au mois d’avril est annoncée la sortie de son second album : Right Place, Wrong Person, deux ans après Indigo, son premier long album solo. 

Complètement différent de ses œuvres précédentes, cet album nous montre à quel point l’artiste a évolué et changé au fil des années. Un processus personnel et introspectif qui a été documenté tout au long de sa création et que les ARMYs pourront découvrir sous la forme d’un documentaire : RM : Right People, Wrong Place. Le film a été diffusé en avant-première lors de la 29ème édition du Festival international du film de Busan, qui s’est tenu en octobre 2024. En France, il a été diffusé au cinéma les 5 et 6 décembre 2024.

Photo sketch de Right Place, Wrong Person

« Life is a soop and I’m a fork »

Tout au long des 11 titres composant son album, RM explore le sentiment universel de ne pas se sentir à sa place dans l’environnement qui l’entoure. Cette sensation de décalage est présente dans l’esprit de l’artiste depuis longtemps et on comprend que c’était presque vital pour lui de pouvoir aller au bout de cette émotion, dans un but cathartique. 

En août 2023, lors d’un live avec sa communauté, le rappeur a répondu “la vie est une soupe et je suis une fourchette” à un·e de ses fans lui demandant un conseil pour quelqu’un sortant du lycée. Cette phrase peut paraître anodine mais elle révèle l’état d’esprit de RM et tout ce qu’il peut ressentir à l’égard de cette opposition entre “right” (juste, bien, correct, adapté) et “wrong” (mauvais, mal, inadapté, faux).

« Someone like me »

Lors de l’émission Mini & Moni Music, lorsque Jimin demande à RM la raison pour laquelle l’album s’appelle Right Place, Wrong Person, ce-dernier répond que c’est pour “quelqu’un comme [lui]”. En tant qu’auditeur·rice, on ressent que chaque seconde de cet album a été composée avec le cœur et l’âme de RM, créant un lien encore plus fort entre son public et lui.

Et effectivement, chacun·e a déjà ressenti une fois dans sa vie ce sentiment d’être différent·e des autres, ou s’est déjà posé la question “qu’est-ce que je fais ici ?”, avec la furieuse envie de se retrouver avec soi-même pour respirer à nouveau. RM transpose parfaitement ces sujets dans son album, où chaque parole explore avec justesse les émotions complexes qui en découlent. 

Les questionnements du musicien se traduisent par les différents styles musicaux proposés dans l’album. C’est comme si l’exploration de soi était reflétée à travers l’expérimentation musicale : d’un titre à l’autre, ou même d’une mesure à une autre, on rencontre du jazz, du rap, du RnB, un peu de soul, du hip-hop… Bref, un véritable voyage sonore.

Une aventure humaine également, puisque RM s’est entouré d’un collectif d’artistes pour mener à bien cet album. Un processus de création qui a commencé en février 2023, en collaboration avec San Yawn, leader du groupe Balming Tiger. L’émulation entre la quarantaine d’artistes réunis aura permis de donner naissance à ce projet si radical et si affirmé dans la carrière du groupe, et dans le paysage musical sud-coréen.

Concept photo de Right Place, Wrong Person

« Come back to me »

Le single de pre-release, Come back to me, est le titre le plus mélancolique de l’album. Lorsqu’on écoute cette chanson, on peut ressentir toutes les influences artistiques de RM, lui-même grand amateur d’art. La mélodie nous fait voyager, avec une signature indie pop forte accompagnée de rythmes jazzy et de percussions douces pour terminer en beauté dans une explosion poétique très à-propos. Comme toutes les autres chansons de l’album, elle nous propose des lignes de basse absolument divines et mémorables, qui sont pourtant encore timides dans ce titre. 

Portant le message de l’album en bandoulière, Come back to me parle d’émotions contradictoires, de découverte et d’acceptation de soi, et aussi de relation à l’autre, soulignant le fait que celles-ci peuvent avoir une influence certaine sur notre identité et la valeur que nous nous accordons.

« I have a lot on my mind and I feel a little suffocated »

Les 10 autres pistes de l’album sont brutales, expérimentales, pour appuyer les affirmations de RM. Dans Nuts, un RM désabusé oscille entre la nécessité de faire les choses bien pour l’Autre (“Je pourrais faire en sorte que cet endroit te convienne”) et la réalisation de s’être perdu en chemin (“Après ton départ, je me sens vivant pour la première fois (…)/ Pour être libéré de la vingtaine où tu étais mon tout”).

Qu’il s’agisse d’un message dédié à une relation passée où à son alter-ego d’autrefois, l’idée est claire. RM a été en lutte, non seulement avec son environnement, mais également avec lui-même, ou peut-être avec l’image de lui-même. Un constat poursuivi dans Domodachi et out of love, avec une écriture incisive, sans ambiguïté : ”je vais brûler tout l’amour et la haine, les bonnes et les mauvaises choses”. Comme le note Jimin dans l’émission Mini & Moni Music, on retrouve dans ces premiers titres la rage du RM d’autrefois, quand il était Rap Monster.

La deuxième partie de l’album renoue avec la douceur de Come back to me. Pourtant, si la chanson Heaven semble plus douce, avec son rythme lancinant, ses guitares vaporeuses et son atmosphère shoegaze, les paroles, elles, semblent répondre aux précédents titres de RM. Lorsque celui-ci annonce “Je me sens si bien ici, avec moi / Tellement comblé ici, avec moi”, on ne peut que songer à la solitude exprimée dans Lonely (“Je me sens si seul putain (…)/Tellement seul, putain/ Que quelqu’un m’appelle”) ou Uhgood (“Je me sens si seul quand je suis avec moi”).

Cette exaltation se retrouve dans Around the World in a day, en collaboration avec Moses Sumney. La montée en puissance du morceau est jouissive, lumineuse. Elle s’apaise avec ᅲᅲ (Credit Roll), où RM semble finalement se tourner vers l’extérieur, s’adressant tant à l’auditoire qu’à lui-même : lorsque le générique de fin défile, est-ce que tu restes jusqu’au bout ?

Concept photo de Right Place, Wrong Person

« Not a fuckin' diplomat »

Sur cet album, RM nous démontre une fois de plus son talent de storyteller, parlant directement à l’âme de celui ou celle qui l’écoute. Libérateur pour son auteur, cet album est unique, tant par sa musicalité que par les histoires qu’il raconte. Les 11 chansons, toutes surprenantes, montrent au public autant la technicité et la musicalité de RM que la personnalité et la vision du monde de Kim Namjoon. Namjoon nous laisse deviner un côté plus vulnérable, plus honnête et plus profond de sa personne, loin de la star mondiale qu’est RM, et de son rôle, parfois entravant, de leader du groupe.

Remarque :

Tous les passages cités dans cet article sont issus des traductions françaises proposées par BTS ARMY FRANCE.

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